Ce qui est sûr, c'est que notre maîtrise des techniques actuelles nous permet d'éviter la mort, alors que sans ces techniques l'espérance de vie serait moindre.
Je pense par exemple au premier acte de vie : l'accouchement. De nos jours, il n'est pas rare de pratiquer la césarienne, plutôt que l'enfant sorte pas "les voies naturelles". De ce fait, des femmes survivent à leur accouchement, des bébés naissent, grandissent, deviennent adultes et se reproduisent, alors que sans cette technique au point, certains accouchements se résumeraient par la mort de la mère, ou du bébé, ou des deux... On pourrait penser que ce mode d'accouchement favoriserait la survie d'individus dont les proportions sont telles qu'elles ne permettraient plus un accouchement par voie naturelle. De ce fait, on pourrait dire que cela induit un biais dans la "sélection naturelle", puisque celle-ci ne s'opère plus, grâce à notre maîtrise des techniques de chirurgie.
Cependant, notre savoir en matière de chirurgie peut aussi être considéré comme une acquisition au fil du temps qui nous permet de nous adapter à notre environnement. Les civilisations ce disposant pas de sa savoir ont eu, de fait, moins de chance de survivre. En ce sens, on pourrait alors dire que ce savoir lui-même est une émergence de la sélection naturelle, et qu'il ne s'y oppose donc pas.
Un autre exemple : celui des animaux d'élevage qui ne sont plus capables d'accoucher sans une intervention humaine, faute de quoi l'issue serait fatale. Là, c'est sûr que si on les remettaient dans la nature, leur espèce s'arrêterait rapidement...
Je me suis souvent posé la même questions que toi, en me disant que toutes nos technologies tendent à nous rendre complètement dégénérés !
Je n'ai pas encore complètement tranché la question ! Nous sommes devenus tellement dépendant de notre technologie, que si, pour une raison ou pour une autre, on nous la retirait, nous serions bien mal à l'aise pour vivre... totalement inadaptés à un environnement sauvage.
Ensuite, un problème qui est lié à cette question de l'évolution humaine, est celui des génocides. Il y a un grand risque de dire que tout ce qui s'éloignerait de la "normalité" devrait être éliminé pour ne pas altérer l'espèce humaine : c'est sur ce genre d'argument que des populations entières ont été exterminées par d'autres, et pour diverses raisons : handicapés physiques, sourds, aveugles, nains, forme du crâne, couleur de peau, de cheveux, différence d'orientation sexuelle (homosexualité), différence de croyances (religions)... les génocides anciens ou récents, ou encore actuels dans certains pays, ont souvent pour motivation la préservation d'une espèce. Oui, mais quelle espèce ? Et comment définir ce qu'est la "normalité" ?
Bien souvent c'est sur un aspect physique (phénotype) que l'on se base (couleur de peau, forme du visage, etc.), et pas sur un caractère invisible (génotype) : Albert Jacquard (grand philosophe, humaniste) avait dit un jour que si jamais notre groupe sanguin (A, B, AB, O ; + ou -) était inscrit sur notre front, il y aurait fort à parier que les populations se seraient déclarées la guerre rien qu'à cause de ce trait physique ! Ce qui est bien sûr absurde, avec notre vision des choses ; et pourtant certaines personnes font la guerre à d'autres, non pas parce qu'ils ont un A ou un B tatoué sur la peau, mais parce qu'ils ont la peau blanche ou noire, ou n'importe quel autre motif de ce genre.
Un jour, j'avais posé la même question que toi à un biologiste très connu. Il m'avait répondu que ce n'était pas en seulement 2000 ou 3000 ans que l'on pouvait apprécier des variations dans l'espèce
homo sapiens qui est la nôtre, alors qu'elle existe depuis au moins 200 000 ans.
Bref, j'espère qu'un biologiste pourra nous donner des réponses.